Regardez-le sur scène : immense corps dégingandé, engoncé dans un costume gris foncé que l’on croirait toujours trop petit, fulminant, en nage. Les bras comme des balanciers lorsqu’il s’agit de chanter l’horloge des vieux, puis comme des paratonnerres tendus vers le ciel puisque Mathilde revient. Valentin le désossé, éructant contre les bourgeois, les bigotes et tous ces gens-là. Bruegel peignant les Flamandes ou orchestrant une valse à mille temps. Don Quichotte de la Manche, de la mer du Nord, du plat pays et du port d’Amsterdam, célébrant l’amitié et les femmes. Chez Jacques Brel, tout est démesure, passion, vertige. Mais, si sa carrière fut courte, on cultive toujours ses éclats de voix et les émotions fortes, 30 ans après sa mort.
Gérard Manset
La mort d'Orion
L’artiste est rare, plutôt sauvage, la plupart du temps aux abonnés absents. Et ses disques n’en sont que plus précieux. Gérard Manset voyage en solitaire et nous ramène de lumineux trésors, une oeuvre unique, inclassable, intemporelle, bâtie dans le marbre des plus folles utopies.
Charles Trenet
20 chansons d'or
Fou chantant ou Zébulon facétieux roulant malicieusement des yeux, poète tendre et délicat d’un quotidien enchanté, jardinier du merveilleux cultivant une oeuvre à la fois familière et exceptionnelle, symbole d’une éternelle jeunesse, Charles Trenet aura traversé le siècle en faisant fredonner la douce France. Magique.
Jacques Higelin
Amor doloroso
Qu’il fredonne en duo avec Areski ou avec Brigitte Fontaine durant les sixties, puis qu’il se métamorphose en rocker irradié, en bluesman du verbe, ou en «enchanteur» de Trenet, Jacques Higelin reste toujours, comme dans cet éblouissant feu d’artifice, un spécialiste de la pyrotechnie.
Flamboyant.
Mano Solo
La marmaille nue
Les mots, crus et impudiques, cognent comme des coups de poings. L’humeur est noire. Les textes aussi. Mano Solo parle des choses qui fâchent et surtout qui font mal. D’une voix fébrile. Sur une musique acoustique teintée de deux notes de blues ou de rock, les tripes sur la table, le coeur en offrande.
Arno
Charles Ernest
C’est arrivé près de chez nous, par la rencontre improbable, quelque part au «plat pays», entre un Tom Waits égaré et titubant et le fantôme secoué de Jacques Brel. Accent rocailleux, embar dées rythm’n’blues, complaintes bluesy, accordéons de fêtes foraines : Arno fait tanguer la chanson francophone.
Julien Doré
Ersatz
Chanteur exubérant et généreux, rocker dans l’âme, Julien Doré sait tout faire ou presque. Cet album, le premier de cette incroyable révélation de la Nouvelle Star, conjugue avec bonheur une exigence musicale rare avec un sens inné d’une chanson populaire finement léchée.
Une star est née.
Daniel Darc
Crève cœur
Icône rock des années 80 au sein de Taxi Girl, gueule cassée cramant la vie par les deux bouts, rescapé, survivant, beau ténébreux tatoué, Daniel Darc, un bouquet de fleurs du mal dans les mains, trouve un nouveau souffle sur le tempo doux-amer de chansons sombres, en fils indigne de Brel et de Lou Reed.
-M-
Qui de nous deux
Son look de super héros dé barqué d’une autre planète n’occulte pas la dimension du personnage. Derrière ses allures de joker de la chanson française, Matthieu Chedid, alias -M-, trahit une sen sibilité à fleur de peau. Textes généreux et inspirés, guitares belles à pleurer, frénésie pop, transes funky, il est notre Ziggy Stardust...
Katerine
Robots après tout
Faux airs fous d’Anthony Perkins, version Psychose, textes décalés, toujours borderline, Katerine pousse la chanson française dans les escaliers d’une extravagance jusque-là inédite, met en scène sa propre vie comme celle d’étranges créatures, dompte les robots et surtout se met à nu, ultime dandy flamboyant.
Miossec
Boire
Avec ou sans électricité (Boire s’avale cul sec, la prise débranchée), la tension reste palpable. Textes crus, désabusés, emprunts parfois d’une sourde violence, musique brut de décoffrage, près de l’os, frémis sante de nervosité... Christophe Miossec, écorché vif, plonge la chanson dans les tourments de l’âme.
Finistère amer ?